Questions / Réponses de grands savants
sur les règles du voyage
Langue:Français
Le Moufti:Abdel-Aziz Ibn Abdallah Ibn Baz - Mohammed ibn Othaymine
Correcteurs:Abu Hamza Al-Germâny
Publié par:Bureau de prédication islamique de Rabwah (Riyadh)
Brève description:Voyager est une nécessité continuelle
pour la vie du musulman : Le pèlerinage, la ’Omra, le jihad, le désir de
s’instruire, le commerce, la visite à la famille, aux amis, etc. sont autant
d’obligations qui nécessitent le déplacement. Cela explique l’importance que la
religion accorde au voyage, à ses règles et au comportement observé à son
égard. Le bon musulman est tenu de les connaître et de les appliquer.
Au nom d’Allah l’Infiniment Miséricordieux, le
Très Miséricordieux
Questions / Réponses de grands savants sur les règles du
voyage
Question 1 :
Lorsqu’une personne fait un voyage de 100 km vers une
région quelconque, lui est-il permis de regrouper et de raccourcir ses
prières ?
Réponse 1 :
Lorsqu’une personne fait un voyage d’environ 100 km vers une
région quelconque, il lui convient de mettre en pratique les règles du
voyage : raccourcissement des prières, rupture du jeûne, regroupement des
prières et essuyage des chaussons durant trois jours. En effet, cette distance
parcourue est considérée être un voyage. Il en est de même si cette personne
fait un voyage de 80 km
environ, car cette distance permet de raccourcir les prières selon l’avis de la
majorité des savants. Cheikh Ibn
Bâz Al-Fatâwâ - Kitâb Ad-Da’wah vol.2 p.139
Question 2 :
Nous sommes parfois invités à des fêtes de mariage qui
ont lieu près d’un verger éloigné de 50 à 60 km [de notre lieu de résidence]. De
plus, il y a un village près de ce verger (à environ 10-15 km ). Nos hôtes
nous imposent de raccourcir la prière en prétendant que nous sommes en voyage.
Pourriez-vous nous conseiller, qu’Allah vous récompense ?
Réponse 2 :
Qu’ils soient d’avis que le voyage est défini par la
distance parcourue, ou qu’ils soient d’avis - et c’est celui que nous
partageons - que le voyage est défini par l’usage, aucun savant ne considère
cette distance parcourue comme étant un voyage. En effet, la coutume locale
veut que quiconque fait un aller-retour dans une même journée n’est pas
considéré comme voyageur (mis à part une longue distance, tels un aller-retour
Ryadh/La Mecque
qui est considéré comme un voyage en raison de la longue distance parcourue). Quant
à ce qui a été cité par la personne posant la question, ce n’est pas considéré
comme un voyage, ni aux yeux de ceux qui sont d’avis que le voyage est défini
par la distance parcourue, ni aux yeux de ceux qui sont d’avis que le voyage
est défini par l’usage. Cheikh Ibn
‘Uthaymîn Al-Fatâwâ - Kitâb Ad-Da’wah vol.1 p.130
Question 3 :
Éminent Cheikh : il y a deux semaines de cela, un
frère a posé le problème suivant : il parcourt chaque jour une distance de
70 km
puis revient. Doit-il raccourcir la prière ou non ? Je lui ai alors
répondu qu’il ne devait pas raccourcir la prière en raison du fait que ce
déplacement ne nécessite pas de vivres et de nourriture [à préparer pour
emmener avec soi]. Quel est donc votre avis au sujet d’une personne qui - de
nos jours - peut aller à Riyad ou à Dammâm - en voiture ou en avion - puis en
revenir en une seule journée sans avoir besoin de prévoir vivres et
nourritures ? J’aimerais avoir des détails précis afin d’éviter tout
malentendu. Qu’Allah vous en récompense.
Réponse 3 :
Ce qui doit être pris en considération est la coutume
locale et non pas l’expérience isolée d’une personne. L’usage veut qu’une
personne parcourant 70 km
puis revient dans la même journée ne se prépare pas comme il se préparerait
pour un voyage. En revanche, une personne qui va à Riyad, ou à La Mecque ou à Al-Qasîm s’y
prépare de façon adéquate. Ainsi, il est de coutume de prendre avec soi
nourriture, eau, récipients, etc. Le fait que le voyage se fasse aujourd’hui en
avion ne doit pas être pris en considération. Ce qui doit être pris en
considération est la situation des gens du temps du Prophète (que la paix et la
bénédiction d’Allah soient sur lui) : Ils considéraient cette distance
comme étant un voyage. De nos jours, une personne peut se rendre à des endroits
plus éloignés encore que Riyad en n’ayant sur lui que l’argent dont il a
besoin : Il trouvera là-bas nourriture, hôtels, etc., sans avoir à
apporter quoi que ce soit. Ainsi, ce qui doit être pris en considération est ce
dont nous avons parlé en premier [à savoir l’usage]. L’usage veut que lorsque
les gens parcourent une distance de 70 km puis reviennent dans la même
journée, ils ne préparent rien pour cela et on ne les considère pas comme
voyageurs. Cependant, s’ils voyagent vers une région distante de 70 km et qu’ils y
restent deux ou trois jours, alors ils se prépareront pour cela. Le problème
réside donc dans ce que je viens de décrire, et c’est l’avis d’un groupe de
savants. D’autres savants affirment que la distance d’un voyage est définie et
la coutume locale ne doit pas être prise en compte. [Selon ces savants] si la
distance parcourue est supérieure ou égale à 81 km , le
raccourcissement des prières est alors de rigueur. Si la distance est
inférieure à cette valeur alors il n’y a pas de raccourcissement à effectuer.
Cependant, il n’y a aucune preuve à ce sujet. C’est la raison pour laquelle
Cheikh Al-Islâm Ibn Taymiyah - qu’Allah lui fasse miséricorde - a réprouvé cet
avis et a affirmé qu’il fallait prendre en considération ce que l’usage
considère être un voyage. Aujourd’hui par exemple, si une personne va à Riyad
le matin et revient en milieu d’après-midi, les gens diront : il a fait un
voyage. Si en revanche elle se rend à Rass près de ‘Unayzah puis revient dans
la journée, les gens ne diront pas qu’il a fait un voyage. Cheikh
Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°17 p.27
Question 4 :
Éminent Cheikh : nous sommes un groupe de trois
personnes qui parcourent quotidiennement une distance de 70 km . Lors des examens nous
revenons [chez nous], mais la prière du Dhohr se présente alors que nous ne
sommes pas encore arrivés. Nous est-il permis de raccourcir la prière ou
non ?
Réponse 4 :
Si vous parcourez 70 km quotidiennement, vous n’êtes pas
considérés comme voyageurs. En effet, un voyageur emporte avec lui des vivres
et se prépare pour le voyage. Or cette période et ces distances courtes
n’atteignent pas les limites définies par la majorité des savants. Vous n’êtes
donc pas considérés comme voyageurs. Vous devez par conséquent compléter vos prières
et vous ne pouvez les rassembler. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh
n°14 p.59
Question 5 :
Un homme travaille dans un champ dont la superficie est
de 300 km². Ainsi, il chemine en voiture durant une ou deux heures jusqu’à
parcourir tout le champ. Voyez-vous un inconvénient à ce qu’il raccourcisse ses
prières ou les regroupe, étant dans son champ ?
Réponse 5 :
[Le Cheikh demande :] Ce champ est-il éloigné de la
ville ?
[On lui répond :] Oui, il n’est pas dans la ville.
[Le Cheikh :] le lieu de résidence de cet homme se
trouve en ville ou dans le champ ?
[On lui répond :] dans le champ.
[Le Cheikh :] ce n’est pas permis. Il se doit
d’effectuer ses prières à l’heure, et d’accomplir quatre unités pour les
prières concernées. Il ne lui est pas possible de raccourcir [ses prières]. Ce
champ doit être considéré comme une ville pour cet homme. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn
Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°14 p.59
Question 6 :
Il y a beaucoup d’aires de repos près de la ville de Riyad.
Est-il permis pour qui se rend à ces aires de raccourcir et de regrouper les
prières ? À noter que les distances [des différentes aires] varient. En
outre, quelle est la distance minimale permettant de raccourcir les
prières ? Et la distance doit-elle être comptée à partir du moment où la
personne se rendant à ces aires quitte sa demeure ou à partir des dernières
constructions de la ville ? Et si ce déplacement a pour but les loisirs et
les divertissements, est-ce considéré comme un voyage permettant le
raccourcissement et le regroupement des prières ? Qu’Allah vous
récompense.
Réponse 6 :
Ceci n’est pas considéré comme un voyage. En effet, ceux
qui se rendent à ces aires de repos ne se considèrent pas comme voyageurs. Et
même en adoptant l’avis stipulant que la distance permettant le raccourcissement
des prières se compte en kilomètres, c’est à partir des limites de la ville que
le décompte doit se faire. Si donc ils s’éloignent des limites de la ville de
la distance envisagée en kilomètres [81 km], ils devront raccourcir leurs
prières, même si leur séjour en cet endroit est court. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn
Al-Fatâwâ - Kitâb Ad-Da’wah vol.1
Question 7 :
Éminent Cheikh : un groupe de personnes sont sorties
de chez eux pour se promener à pied dans la nature. Leur est-il permis de
raccourcir la prière ?
Réponse 7 :
Si une personne quitte sa ville pour effectuer des
transactions commerciales, pour rechercher la science, pour effectuer une
‘Umrah ou un Hadj, pour chasser, pour se changer les idées ou autres raisons,
elle est considérée comme étant en voyage. En revanche, une personne qui sort
le matin pour se promener à pied puis revient le soir n’est pas considérée
comme voyageur. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°15 p.43
Question 8 :
Éminent Cheikh : nous organisons des campements dans
le désert. Quelle est la distance permettant de ne pas avoir à aller chercher
de l’eau si elle venait à manquer, et impliquant ainsi d’effectuer l’ablution sèche
(tayammoum) ?
Réponse 9 :
Les personnes qui sont dans le désert et qui n’ont pas
d’eau sont excusées et peuvent ainsi effectuer l’ablution sèche, à condition
qu’il leur soit difficile de trouver de l’eau. Toutes ces considérations
dépendent de la coutume locale ou l’usage. Ainsi, ce qui est considéré par les
gens comme étant éloigné est éloigné. Et ce qui est considéré par les gens
comme étant proche est proche. Il n’y a donc pas de limite légale. Le cas que
vous avez cité - à savoir une distance de 10 minutes en voiture - est à mes
yeux une distance éloignée, surtout en prenant compte le fait que le chemin est
sablonneux. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°2 p.13
Question 9 :
Nous sommes un groupe de jeunes travaillant ou étudiant
dans la ville d’Al-Qasîm. Nous retournons chez nos familles tous les week-ends
et jours fériés. Éminent Cheikh : à partir de quand est-on considéré comme
voyageurs pour mettre en pratique les facilités du voyage, que ce soit dans la
ville d’Al-Qasîm ou chez nous ? Et nous est-il permis - si nous nous
considérons voyageurs en étant à Al-Qasîm - de prier en groupe dans nos
demeures et de raccourcir nos prières même si l’on entend l’appel à la
prière ? D’ailleurs existe-t-il une limite de temps ou de distance
permettant de raccourcir les prières ?
Réponse 9 :
La personne qui quitte sa famille pour une autre région
afin d’étudier est en réalité un habitant de la première région, c’est-à-dire
de sa ville d’origine... sauf s’il formule l’intention de se rendre dans la
deuxième région et de s’y installer. Si donc il formule l’intention de se
rendre dans la deuxième région et de s’y installer, son retour à sa région
d’origine est considéré comme un voyage.
En revanche, s’il considère la seconde région comme un
lieu de séjour temporaire lié à une mission particulière qui, lorsqu’elle
s’achèvera, lui permettra de rentrer chez lui, il est considéré comme voyageur
[dans cette seconde région], et ce, quelle que soit la durée de son séjour,
déterminée ou non. Ainsi, [il est considéré comme voyageur] tant que sa
présence est liée à une chose particulière qui, lorsqu’elle s’achèvera, lui
permettra de rentrer chez lui.
Cependant, s’il vit dans une ville
où la prière en groupe [dans les mosquées] est de rigueur, il se doit d’y
assister et il ne lui est pas permis de la délaisser alors qu’il vit à
proximité des mosquées. D’ailleurs, l’avis répandu parmi certains musulmans
stipulant que la prière en groupe n’est plus obligatoire pour le voyageur est
en contradiction avec l’avis authentique, car Allah le Très Haut a dit : « Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la Salat du jour du vendredi,
accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur
pour vous, si vous saviez ! » Sourate
Al-Djumu’ah verset 9. Et le voyageur fait sans aucun doute partie des croyants.
Il est donc obligatoire d’être présent à la prière [à la mosquée].
Le Prophète (que la paix et la
bénédiction d’Allah soient sur lui) a dit : « Quiconque
entend l’appel à la prière et ne se rend pas à la mosquée [litt : et n’y
répond pas] verra sa prière annulée sauf excuse valable » Rapporté par Ibn Mâdjah nº 793 Chapitre des mosquées.
Rapporté aussi par Al-Hâkim dans son Mustadrak (1/245), hadith au sujet duquel
il a dit : « Authentique selon les conditions de Bukhârî et
Muslim » authentification approuvée par Adh-Dhahabi. Voir Aussi Irwâ Al-Ghalîl
(2/337).
Un voyageur qui réside dans un pays où l’appel
à la prière est effectué entendra donc l’appel et se devra alors d’assister à
la prière [en groupe dans la mosquée]. Le voyageur n’est donc pas déchargé de
la prière en commun. En effet, Allah a ordonné au Prophète (que la paix et la
bénédiction d’Allah soient sur lui) de diriger les musulmans dans leur prière
durant leurs voyages et pendant les batailles :
« Et lorsque tu
(Muhammad) te trouves parmi eux, et que tu les diriges dans la prière, qu’un
groupe d’entre eux se mette debout en ta compagnie, en gardant leurs
armes » Sourate An-Nisâ
verset 102.
Bien sûr, si tu n’arrives pas à
temps pour la prière en commun et que tu pries seul, tu peux raccourcir ta
prière. Partant, il n’est pas permis au groupe de personnes [cité dans la
question] de prier chez eux alors qu’ils vivent à proximité des mosquées. Il
est obligatoire pour eux de prier dans les mosquées, et c’est là notre avis sur
la question.
Cependant, beaucoup de savants
affirment que si un individu a l’intention de séjourner une période définie et
limitée en un endroit, il n’est alors plus considéré comme voyageur. Certains
de ces savants limitent cette période à quatre jours, d’autres à quinze,
d’autres à dix-neuf... plus de vingt avis existent à ce sujet. Néanmoins, tout
avis non appuyé par une preuve ne doit pas être pris en considération.
En effet, le Prophète (que la paix
et la bénédiction d’Allah soient sur lui) a-t-il défini une période pour la
communauté musulmane qui si un individu désire séjourner plus longtemps, perd
sa qualité de voyageur ou la conserve dans le cas contraire ? Ceci
nécessite une preuve.
Or, que je sache, il n’y a aucune
preuve stipulant que le Prophète (que la paix et la bénédiction d’Allah soient
sur lui) a défini une période. Ainsi, toute personne dont le séjour est
conditionné par une mission qui, si elle se termine, lui permettra de rentrer
cher lui, doit être considéré comme voyageur et non pas comme résident. En
effet, si on lui pose la question : es-tu résident ? Il répondra :
pas du tout, je séjourne ici pour une mission particulière et dès qu’elle se
termine je rentrerai chez moi. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°2
p.47
Question 10 :
Si une personne se rend dans une ville et que la durée de
son voyage est de quatre ans, doit-il raccourcir sa prière ?
Réponse 10 :
Cette question est sujette à divergence entre les
savants : y a-t-il une période déterminée qui si elle est dépassée fait
perdre à la personne sa qualité de voyageur ? Ou bien doit-on considérer
l’individu comme voyageur tant qu’il est loin de sa région d’origine, et ce,
même si la durée de son voyage est longue ?
L’avis le plus juste est le
second. En effet, si une personne ne désire pas résider définitivement en une région,
mais y séjourner pour poursuivre ses études, se soigner ou autre, et qu’elle a
l’intention de retourner chez elle dès que sa mission est remplie, elle est
alors considérée comme voyageur. Néanmoins, si cette personne vit dans une
région où la prière en commun est accomplie [dans les mosquées], elle se doit
d’y assister et de prier avec les gens. Il en est de même pour la prière du vendredi.
Il ne lui est donc pas permis de manquer la prière en commun ou la prière du vendredi.
Dans ce cas, elle complètera ses prières, car elle sera dirigée par un Imâm,
qui les prie complètement. Cheikh Ibn ‘Uthaymîn Liqâ Al-Bâb Al-Maftûh n°14 p.18
_________________
Source : fatwas
de Cheikh Ibn Bâz et Cheikh Al-’Uthaymîn tirés de Kitâb Ad-Da’wah et Liqâ
Al-Bâb Al-Maftûh.
Publié par :
sounna.com
Traduit par Abu Talha.
Revu par Abu Hamza
Al-Germâny
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